Voici l'histoire d'Alphaville …
Mercredi alpha-1
Je ne sais pas encore si c'est exactement ce que nous cherchons, mais pour la première fois depuis si longtemps, je sens que l'espoir est à nouveau permis. Hier pourtant, la journée fut si éprouvante que j'ai craint de ne plus avoir la force… Depuis plusieurs jours déjà, nous avions perdu toute notion d'espace et nous errions ce matin-là, sans direction. Nos pas se faisaient lourds et nous progressions chaque jour un peu plus lentement. Vers midi, certain.es n'avaient plus la force d'avancer, et nous fîmes halte, au beau milieu du désert. Pour la première fois, j'ai pensé que tout était perdu.
Nous sommes resté.es ainsi, immobiles, toute l'après-midi, accablé.es par la chaleur extrême qui s'abattait sur nous. Le temps et l'espace semblaient comme suspendus. Mais le jour se mit, malgré tout, à décliner progressivement, et quand vint le soir, nous étions toujours là, à cet endroit même où nous nous étions arrêté.es. Après la chaleur extrême, nous savions qu'à présent, il nous faudrait endurer une nouvelle nuit glaciale. La pénombre d'une nuit sans lune nous enveloppait à présent de son obscurité quand j'entendis la voix d'Aleph, qui s'était mis à crier.
— « Là-bas ! Là-bas ! La lumière ! »
Je tournais la tête dans tous les sens, à droite et à gauche, cherchant à percevoir quelque chose dans cette nuit d'encre quand je vis à l'horizon, une forme lumineuse. Une lumière scintillait au loin, vacillante. Sans échanger un seul mot, nous nous levâmes et nous nous mîmes à marcher vers cette lumière qui brillait dans la nuit. N'ayant qu'elle pour nous guider, nous avancions les yeux grands ouverts, comme happé.es par une force mystérieuse. Nous ne sentions plus la fatigue, et nous avons marché ainsi des heures sans prendre conscience de la grande distance qui nous séparait de cette lueur, jusqu'à ce que nous fassions face à cette « chose », qui nous faisait signe. Je pourrais difficilement décrire avec précision ce que nous avions devant nous, mais cette chose était d'une beauté fascinante. Cela formait comme une sorte de croix qui flottait dans l'espace, comme ces croix que nous avions trouvé dans les Îles, avant notre naufrage. Certaines branches brillaient de rouge, d'autres de vert ou de bleu. Nous ne savions pourquoi cette chose était là, qui brillait au beau milieu du désert, mais sa lumière, qui se reflétait sur nos visages, nous emplissait de chaleur et d'espoir. Quelque chose me disait que c'était ici que nous trouverions ce que nous cherchions.
Ce matin, dès la première heure, nous avons commencé à creuser. J'ai remarqué des affleurements qui me font penser que sous cette « chose », et tout autour, sur une grande distance, il y a dans le sol, la clé de tout ce mystère. Il faudra chercher et creuser sur des centaines de mètres, peut-être plusieurs kilomètres, tout autour de la chose, alors nous avons décidé que nous répartirions le travail de façon organisée et rationnelle. J'ai mis en place une trame pour que nous puissions explorer méthodiquement chaque centimètre carré de cette lande. Nos Tribus vont donc creuser en attribuant un hectare de fouille à chacun.e.
Qui sait ce que nous allons trouver dans le sol. Mais l'heure n'est plus aux questionnements… maintenant, au travail !